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Environnement : Vallauris devient le théâtre du greenwashing des multinationales

Le Conseil municipal du 11 avril 2023 a voté une délibération concernant une convention de partenariat avec l'association Life Terra pour planter des arbres sur la commune, ceci dans le cadre d'un projet appelé « Un habitant, un arbre » avec un objectif affiché de compensation carbone.

Comme c'est désormais une habitude, les décisions liées à l'environnement et à l'écologie sur la commune sont prises sans que soit déterminé réellement le niveau chiffré de son empreinte environnementale, et dans ce cas précis, de ses émissions carbone, car aucun audit n'a jamais été réalisé en ce sens (en tout cas, pas à notre connaissance).

Vallauris se lance donc aujourd'hui dans un exercice de compensation carbone sans que l'on sache réellement les quantités de carbone qui doivent être compensées. Et d'ailleurs, quelles émissions compense-t-on au juste ?

Car bien sûr dans l'absolu, planter des arbres n'est pas une mauvaise chose en soit, mais là comme ailleurs, il est important d'être cohérent, vigilant et de savoir de quoi on parle.

L’objectif de cette convention est donc la compensation carbone, mais de qui ? Sans préjuger des actions de l'association Life Terra, qui fait très probablement de l'excellent travail à son niveau avec les meilleures intentions du monde, il faut comprendre que ce type d'association est un moyen privilégié par les multinationales pour tenter d'atteindre leurs objectifs de neutralité carbone (nous vous renvoyons au site Internet de l'association pour y découvrir la liste de ses partenaires, notamment financiers).
Le principe est simple : les grandes entreprises et les multinationales financent ce type d'associations (en numéraire ou via des crédits carbone) pour qu'elles plantent des arbres, partout où elles le peuvent. Un bon moyen de se donner bonne conscience tout en continuant leurs activités polluantes sans aucune perspective sincère de réduction de leurs émissions. La définition même du greenwashing, sachant aussi que les compensations éventuelles sont souvent bien loin des taux d'émissions.

Et c'est ainsi que la commune, via cette convention de partenariat, devient le théâtre du greenwashing des multinationales. Avec ce projet, M. Luciano se fait le champion de la fausse bonne idĂ©e, car, rappelez-vous il y a quelques mois, il faisait voter une subvention au bio-éthanol, initiative tout aussi discutable d'un point de vue environnemental.

Alors bien sûr, on sait que les gaz à effet de serre (GES) ne s'arrêtent pas aux frontières des pays ou aux limites des communes, qu'il s'agit de développer des stratégies d'atténuation et que nous devons impérativement agir à notre niveau. Mais les rapports du GIEC nous invitent à agir à la fois efficacement et RAPIDEMENT. En ce sens, la compensation par la plantation d'arbres a déjà montré ses limites à plusieurs niveaux :

  1. Réduction des émissions : la plantation d'arbres ne résout pas le problème fondamental des émissions de gaz à effet de serre. Elle ne fait que "compenser" (un bien grand mot) en partie les émissions existantes sans les réduire réellement
  2. Temps de croissance : les arbres ont besoin de temps pour croĂ®tre et atteindre leur maturitĂ© avant de commencer Ă  absorber des quantitĂ©s significatives de CO2. Pendant ce temps, ils Ă©mettent Ă©galement du CO2, car ils sont encore en train de se dĂ©velopper. De plus, la croissance des arbres peut ĂŞtre limitĂ©e par des facteurs tels que la qualitĂ© des sols, le climat et la disponibilitĂ© de l’eau (un point particulièrement crucial chez nous)
  3. Incertitude sur la durabilité : il est difficile de savoir si les plantations d'arbres seront durables à long terme. Les incendies, les maladies et les événements météorologiques extrêmes peuvent détruire les arbres et libérer le CO2 stocké dans l’atmosphère
  4. Manque de contrôle et de transparence : il peut être difficile de suivre et de vérifier la quantité de carbone stockée par les arbres (pourtant un point sur lequel la commune s'engage auprès de Life Terra : on se demande bien comment cela va être évalué !), ce qui peut rendre difficile la garantie compensation carbone

A l'échelle de notre commune, l'impératif est de RÉDUIRE nos émissions de GES et de développer en parallèle des stratégies d'atténuation cohérentes et mesurables. On ne peut pas se contenter d'annoncer « Un habitant, un arbre », très porteur électoralement parlant, sans se soucier d’efficacité en synergie avec d'autres dispositifs.

Aujourd’hui, nous n’avons aucune idée des quantités de GES émises par la commune, et encore moins de politique volontaire et cohérente de réduction de celles-ci. Pour M. Luciano et sa majorité, qui montrent ici une fois de plus l'étendue de leur ignorance et de leur mépris des questions environnementales, qu'importe l'efficacité d'un dispositif tant qu'il permet de surfer politiquement sur la vague verte. Et tant pis pour la protection des populations et la prise en compte des enjeux environnementaux. Ce n'est pas ce que l'on attend d'élus en situation de décision.

Nous avons un besoin urgent de projets et de décisions politiques qui soient efficaces immédiatement et ce de manière certaine, durable et mesurable.

De notre côté, nous avons proposé des actions concrètes tout au long du mandat et nous continuerons. Si M. Luciano, dans un éclair de lucidité, venait à s'en inspirer, nous nous en féliciterions au nom de tous les citoyens de la commune.

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